Christian Garcin - Borges, de loin



commentaire : on l'a aperçu par hasard sur une table de notre libraire et on s'est jeté dessus, Borges comptant parmi nos auteurs de chevet (on le relit régulièrement). Publié dans la collection L'un et l'autre - décidément pleine de bonnes choses -, le livre de Christian Garcin (qu'on découvre pour l'occasion) n'a rien de ces ouvrages lassants comme il en existe beaucoup sur le grand Argentin, lassants par un abus de références et circonvolutions parfois hasardeuses ; lassants aussi à force de singer l'oeuvre et l'auteur qu'ils cherchent à décrypter.
Borges, de loin évite donc (presque) ces écueils. C'est un livre "autour" de Borges, comme il se définit lui-même, un exercice d'admiration intime et intimiste, très attachant, qui donne irrésistiblement envie d'aller sortir Fictions, L'Aleph ou Le Livre de sable de sa bibliothèque.

ps : le livre se clôt sur une anecdote assez inattendue. La scène se passe à Madrid, à l'hôtel Palace, et elle est racontée par Maria Kodama qui fut la secrétaire et l'épouse de Jorge Luis Borges.
« Nous étions en train d'attendre dans le hall de l'hôtel qu'on vienne nous chercher pour aller dîner. A ce moment-là arriva Mick Jagger, qui nous aperçoit, s'approche, se met à genoux, lui prend la main et dit :
- Maître, quel bonheur de vous rencontrer, vous ne pouvez pas savoir à quel point je vous admire, j'ai lu tous vos livres.
 Borges lève un peu la tête (il était déjà aveugle), et dit :
- Qui êtes-vous, monsieur ?
- Je m'appelle Mick Jagger.
- Ah ! Mick Jagger ! s'exclame Borges. Mick Jagger, des Rolling Stones ?
- Comment, Maître ? vous me connaissez ? lui demande Jagger stupéfait.
- Oui, oui, je vous connais, et je connais ce que vous faites grâce à Maria, qui vous aime beaucoup. »

On peut raisonnablement penser que Jagger a découvert Borges à l'occasion du tournage de Performance, de Nicolas Roeg, film hautement influencé par l'oeuvre de notre auteur.

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