Anatomie du Faux - Vincent Puente



commentaire : Son éditeur présente Vincent Puente (par ailleurs libraire chez l'excellente 7L, rue de Lille à Paris) comme un "bibliomane et collectionneur, qui consacre son temps libre à l’étude des fous littéraires et aux bizarres". Ajoutons que c'est un mystificateur de première... On avait beaucoup aimé ses deux livres publiés aux Éditions des Cendres, l'un sur la fameuse vente Fortsas et l'autre, que l'on recommande tout particulièrement, sur des hôtels d'exception (d'un genre particulier...) à travers le monde. On avait aussi acheté son Dix ans de chine, aux éditions Orbis Pictus, collection hautement improbable de livres introuvables "chinés" par l'auteur. Dans Anatomie du Faux, Puente poursuit son exploration du faux-vrai - ou du vrai-faux, comme on voudra - dans un triptyque tout en trompe-l'oeil. Il y est question de Félicien-Auguste Guizot (1885-1916), cambrioleur de génie qui a la particularité de ne ne rien dérober à ses victimes : il suffit à cet esthète lupinien de s'introduire dans les lieux les plus fermés et de laisser derrière lui une petite carte ironiquement rédigée. On est dans le virtuel, en somme, un peu comme dans le texte suivant, très borgésien, où Puente évoque les Identitaristes, mouvement littéraire sud-américain d'origine vénézuélienne à cheval sur la fin du XIXe et le début du XXe siècle, dont les auteurs décidèrent de ne rien publier de leur oeuvres, de n'en laisser aucune trace écrite, afin de "purifier" leur littérature de l'influence des pays colonisateurs. Dans le dernier volet du livre, l'auteur décrit une version étrangement modifiée d'un dictionnaire de bibliophilie, achetée à Naples. Prétexte à évoquer des fous littéraires, des bibliomanes cinglés et des oeuvres improbables.
On s'en veut un peu de révéler que Guizot, les Identitaristes et le dictionnaire sont des inventions. Mais franchement, c'est tellement bien fait (impressionnant appareil de notes plus vraies que nature), l'intrication du réel et du fictif est si convaincante, qu'on a dû résister plusieurs fois à la tentation d'aller googler tel nom, tel titre ou telle date pour vérifier si, par hasard, ils n'avaient quand même pas un peu de réalité. Lecture des plus réjouissantes, donc.

Commentaires

  1. Alléchant. / Quelques coquilles :
    > la fin du XIe et le début du XXe
    > Dans le dernier volet du livre, l'auteur une version étrangement modifié

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  2. Vous êtes bien aimable - et moi bien piteux. C'est en effet un joli petit livre.

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